La PNL de 3ème génération (1/2) par Robert DILTS. transcription de Jean Luc Monsempès
Transcription de la conférence de Robert DILTS du 28 janvier 2006 à Paris, dans le cadre du congrès international 2006 de NLPNL. La traduction de la conférence a été assurée par Deborah Bacon. Je vais vous parler cet après midi de la PNL de 3ème génération. Pour commencer, je voudrais remercier NLPNL de m’avoir invité. Nous avions au départ prévu une visioconférence. Avec les nouvelles technologies vous avez l’impression que je suis vraiment là ! Vous avez une vision holographique de moi ! J’ai eu cependant la possibilité de rester en Europe et d’être là aujourd’hui. Paris est l’une des villes que je préfère au monde. Ce lieu est l’un de mes bâtiments préféré dans Paris. Ce dont je vais vous parler est l’un de mes thèmes préféré et je suis sûr, avant d’avoir terminé, que vous serez l’un de mes publics préféré au monde. Je sais que vous avez déjà passé une journée très stimulante et très riche, et je pense qu’une grande part des propos entendus aujourd’hui sont de bons exemples de ce qu’est la PNL de 3ème génération.
Pourquoi une 3ème génération de la PNL ?
La PNL existe depuis 30 ans
Le mot « PNL » est apparu en 1975, et j’avoue qu’il sonne aujourd’hui toujours aussi bizarrement qu’il y a 30 ans, alors que le champ de la PNL a beaucoup évolué et s’est beaucoup épanoui depuis ces 30 dernières années.
Je me souviens que lorsque j’ai démarré la PNL, il n’y avait pas de technique. Il n’y avait ni les recadrages, ni les ancrages. Il y avait seulement un ensemble de présuppositions comme : la carte n’est pas le territoire ; les gens ont en eux les ressources… Donc de nombreuses présuppositions profondes et puissantes. Il y avait aussi un outil linguistique, « la structure de la magie », avec le méta modèle. Toute la PNL qui a suivi a poussé à partir de ces premières graines. Je suis heureux de dire que la PNL continue de grandir aujourd’hui. Et c’est cela l’idée de la PNL de 3ème génération : reconnaître l’évolution de ce champ.
Je vous présente mes excuses car mes diapositives sont en anglais, mais heureusement il n’y a pas beaucoup de mots sur chaque diapositive. Parler de 3ème génération, signifie qu’on a quelque chose qui inclue et qui transcende ce qui a précédé. Il est important de dire qu’on ne se débarrasse pas des apports des générations précédentes ou qu’on en a plus besoin. C’est quelque chose qui respecte et rend hommage à ce qui a été apporté par les générations précédentes et qui ajoute quelque chose de plus. C’est ce qui se produit depuis 30 ans, et ces dernières années ont été riches de développements très génératifs et très fertiles. Je pense que vous avez eu de bons exemples de cela à travers les présentations d’aujourd’hui : la PNL et la spiritualité, la PNL et l’approche systémique, la PNL et le coaching au niveau de l’identité dans l’entreprise. Ces présentations illustrent les développements actuels de la PNL.
Les critères de la nouvelle génération de PNL
Pour moi on peut parler de nouvelle génération quand trois critères sont satisfaits :
– le premier critère est en rapport avec la possibilité, pour un modèle, d’inclure et d’englober de nouveaux phénomènes. Et aujourd’hui la PNL porte son attention, non seulement sur ce qu’il y avait déjà, mais aussi sur des choses nouvelles, de nouveaux phénomènes.
– le deuxième critère concerne l’étendue ou le champ d’application du modèle, la possibilité de l’étendre à des domaines plus vastes, par exemple de nouveaux métiers. La PNL s’étend aujourd’hui à des domaines beaucoup plus larges qu’il y a trente ans, ou même qu’il y a 10 ans, ou 5 ans.
– le troisième critère concerne l’utilisation de nouveaux outils ou de nouvelles méthodes.
Aujourd’hui la PNL aborde des thèmes et des questions nouvelles, s’étend de façon plus large à travers le monde et offre de nouveaux outils. Il existe encore aujourd’hui des livres, des séminaires qui font référence à l’utilisation des anciens outils de la PNL ou qui continuent à utiliser ces outils de façon nouvelle. Mais je pense qu’il existe également des développements nouveaux et significatifs.
Les sources d’influence de la PNL de 3ème génération
Les facteurs d’influences externes de la PNL
Ces facteurs externes proviennent des changements qui apparaissent dans le monde, et de ce que les gens veulent, de ce qu’ils ont besoin dans le monde. Je discutais il y a quelques jours avec Benoît Sarazin des marchés « de rupture » qui ont contribué à travers le monde à l’émergence de la PNL. On observe une situation dans laquelle il y a des choses nouvelles en vogue, des choses nouvelles que les individus souhaitent, dont ils ont besoin, et pour lesquelles la PNL a pu fournir une variété de réponses.
Premier facteur : le plus grand besoin des individus de pouvoir avoir des choix.
Si on observe les développements technologiques en cours depuis trente ans, on constate que les gens veulent communiquer davantage, veulent plus de possibilités de connexions à travers le téléphone ou internet. Ils veulent accéder plus rapidement aux choses, et en même temps de façon de plus en plus individuelle. En français on parle de « taille unique », c’est à dire une même taille pour tout le monde. Les gens veulent plutôt que les choses soient « sur mesure » avec une adaptation individuelle. Je pense que la PNL aide à satisfaire cette demande et ce type de développement.
Les individus ont aussi besoin de choses pratiques, de choses qu’ils peuvent utiliser. Il y a donc une tendance vers la recherche de réponses à la question suivante : « qu’est ce que je peux réellement utiliser dans ma vie pour avoir encore plus de pouvoir personnel ». Regardons l’évolution des ordinateurs : il y a trente ans nous avions de grosses machines qui dominaient les gens, qui les contrôlaient. Maintenant chacun possède son ordinateur portable dont il contrôle lui-même l’utilisation. De plus, les nouveaux ordinateurs sont connectés au monde et sont aussi sur mesure, c’est à dire qu’ils s’adaptent à nos choix personnels. Ce sont des ordinateurs « friendly », c’est-à-dire adaptés à l’utilisateur. La PNL aide déjà à satisfaire ces critères, adaptabilité, pratique et choix, au niveau des comportements. Et je pense que la PNL de troisième génération va encore plus loin dans ce sens, pour offrir plus de choix, plus d’utilisations pratiques et plus de possibilités d’adaptation aux besoins individuels.
Deuxième facteur : la « loi des variétés requises ».
Combien d’entre-vous ont entendu parler de cette loi ? C’est un principe fondamental en PNL, celui de la flexibilité, qui stipule que plus on réussit, plus la possibilité et la diversité de choix s’accroît. Pour chaque entreprise, système ou pays qui réussit, on constate l’augmentation de la diversité ou de la variété des choix. Au lieu d’un mouvement vers l’homogénéité, on observe un mouvement vers la diversité. Et cela fait progresser aujourd’hui une part très importante de notre rôle : la PNL de 3ème génération doit aussi répondre à ces questions et à ses aspects multiculturels, multi technologiques, multi connexions.
Troisième facteur : les développements dans de nouveaux domaines.
Pas seulement la technologie, le développement personnel, mais la philosophie, la linguistique, les neurosciences. L’évolution des autres domaines peut grandement enrichir la PNL. Ce qu’on savait du cerveau et du langage il y a trente ans, est très différent de ce qu’on sait aujourd’hui. On en sait beaucoup plus aujourd’hui sur le fonctionnement du cerveau, du corps, de la communication.
Les facteurs d’influences internes de la PNL de 3ème générations
Le besoin d’évolution
Les personnes qui vivent de la PNL et qui vivent dans la PNL évoluent également. Il y a quelque chose de merveilleux dans la PNL : si on utilise la PNL pour nous même, nous changeons et nous avons alors besoin d’une autre PNL. Il y a donc une boucle générative naturelle dans la PNL. Quand j’utilise la PNL pour moi même, je grandis, je résous des problèmes, j’atteins des objectifs. Et puis je suis confronté à une nouvelle limite ou frontière, qui me demande alors de créer et d’utiliser de nouveaux outils, de nouvelles cartes.
L’arrivée de nouvelles personnes et professions dans le champ de la PNL
Il faut également prendre en compte l’arrivée de nouvelles personnes et de nouvelles professions dans le champ de la PNL. Combien d’entre vous travaillent comme psychothérapeute ? Donc vous êtes nombreux ! Combien d’entre vous sont coach ? Combien d’entre vous sont enseignants ou formateurs ? Combien d’entre vous sont cadres, chefs d’entreprise, salariés d’une entreprise ? Combien d’entre vous ont levé la main plus de deux fois ? Si j’avais posé cette question il y a 30 ans ou même 20 ans, 90% du public aurait été constitué de psychothérapeutes. IL n’y aurait eu aucun coach, car ce métier n’existait pas encore ! Nous aurions peut-être eu une ou deux personnes dans les domaines des affaires ou de l’éducation. On observe que la répartition est ici assez homogène entre les différents métiers que j’ai nommé, et cela nous permet de constater qui utilise la PNL et dans quel domaine. Avec l’arrivée de diverses professions dans le champ de la PNL, celle-ci peut également changer. Et il est donc utile de se poser la question de ce qui caractérise la première et la deuxième génération de la PNL.
La différentes générations de PNL
Ceux qui ont étudié la PNL, connaîssent les présuppositions. Dire qu’il y a une troisième chose, présuppose qu’il y a une première et une deuxième.
La première génération de la PNL
Elle est représentée par le modèle initial de John GRINDER et Richard BANDLER, issu de leurs recherches sur des excellents thérapeutes : Milton ERICKSON, Virginia SATIR, Fritz PERLS. On appliquait la PNL à une seule personne dans un face à face. Il y avait donc un thérapeute et un client, ou un programmateur et un programmé et on se consacrait presque entièrement à l’expérience de l’individu. Et je pense qu’à cette époque là, il était très utile et très efficace de rentrer profondément dans l’expérience de l’individu. Qu’est ce qui est unique chez cet individu ? Comment cet individu réfléchit et fonctionne ? Pour moi cela représentait un développement important et puissant. A cette époque j’étais étudiant à l’université de Santa Cruz en Californie. J’ai découvert la PNL en assistant à un cours de linguistique où il y avait à peu près autant de monde qu’ici. Et qui était l’enseignant ? John GRINDER ! Avec Richard BANDLER, ils venaient d’écrire « Structure de la magie », un ouvrage qui n’avait pas encore été publié. Au bout du 3ème ou 4ème jour du cours, John a décidé de nous enseigner le contenu du livre. Imaginez le méta modèle confié à 200 gamins de 19 ans ! On est sorti du cours comme des méta monstres. On posait la question à tout le monde : « comment spécifiquement ? », « Qu’est-ce qui se passerait si tu le faisais ? », « Tu m’aimes ?…comment spécifiquement ? …c’est une nominalisation… » Une semaine après avoir utilisé tout cela, les étudiants sont revenu quelque peu abattus. Ils avaient insulté leur enseignant, ils avaient insulté leurs amis. Heureusement la notion de rapport est apparue assez rapidement !
Au cours de mes études de sciences politiques à l’université, la PNL est devenue la première chose que je pouvais réellement utiliser. J’ai découvert que tous les modèles politiques étaient basés sur des présuppositions à propos des hommes : les gens sont comme ceci, ils pensent comme cela, ils ne peuvent pas faire cela, ils ne peuvent faire que cela… Et je me suis posé la question : est-ce vraiment vrai ? Car ces présuppositions contenaient toutes des généralisations. La PNL nous a-t-elle permis cette possibilité de comprendre réellement ce qu’est un individu ?
La PNL de 1ère génération présupposait une relation thérapeutique. Je suis le thérapeute ou le programmeur et je vais vous « réparer ». Vous avez un problème, voici ma technique et je vais résoudre votre problème. La PNL était souvent quelque chose qu’on appliquait à quelqu’un d’autre. L’un des aspects sombres de cette PNL était que ceux qui l’utilisaient, l’appliquaient aux autres mais pas à eux même. Cela a créé une certaine incongruence étrange et fondamentale. Je ne sais pas combien de personnes rencontrées m’ont dit « la PNL marche sur les autres, mais ne marche pas sur moi ! ». L’autre problème était que si on tentait d’amener la PNL dans d’autres contextes comme ceux de l’éducation ou de l’entreprise, les personnes la recevaient comme quelque chose de manipulatoire : « vous faites cela à moi ! ». Autours de moi, on demandait à ma famille, à mes enfants : « votre père vous fait de la PNL ? » ; « Est-ce que vous faites de la PNL à vos conjoints, à vos amis ? ». C’est quelque chose de peu naturel et bizarre de faire cela à quelqu’un d’autre ! La plupart des techniques de la 1ère génération de la PNL visaient la résolution d’un problème. Donc il fallait avoir un problème ! Je me souviens que les gens disaient « je voudrais bien assister à cette formation de PNL, mais je n’ai pas de problème actuellement, et qu’est ce que je vais faire si je n’ai pas de problème ? ». Donc cette PNL était orientée vers la résolution des problèmes. Les gens quittaient la formation de praticien et allaient vers leur clients avec leur listes en demandant : vous avez une phobie ? …avez-vous une bonne orthographe ? C’était bien si vous aviez un problème. Mais quand le client n’avait pas quelque chose correspondant à votre liste, que pouvions-nous faire alors ?
Si le client n’avait pas de problème mais voulait simplement s’orienter quelque part ailleurs dans sa vie, quelle technique utiliser pour les aider ? Donc la PNL de 1ère génération se préoccupait surtout des niveaux des comportements, des capacités, de l’environnement. La 1ère génération de la PNL se définie par des livres comme « NLP Vol 1 Tome 1 ». Combien d’entre vous ont lu ces livres ? Ils ne sont pas traduits et il y a probablement de nombreuses raisons à cela. Ils ne parlent que de stratégies, de notre manière de penser.
Il n’y a rien concernant les valeurs, les émotions, les relations. Ils ne s’intéressent qu’aux structures cognitives et contiennent des formules très précises qui expliquent comment atteindre des objectifs ou résoudre les problèmes. Un autre livre important de la PNL de 1ère génération est « Frog into Princes » ou « les secrets de la communication » en Français. Combien d’entre vous ont lu ce livre ? Le nombre de mains qui se lèvent m’indique qu’il est traduit. L’ouvrage décrit un problème et la technique à utiliser sur l’autre pour le résoudre. Toutes ces technique se rapportant aux ancrages, aux objectifs, aux stratégies, aux recadrages, au squash visuel…. toutes ces techniques viennent de la PNL de1ère génération. Elles sont très utiles mais elles sont également limitées car on ne peut aller que jusqu’à un certain point.
La deuxième génération de la PNL
La PNL de deuxième génération a débuté dans les années 80, pour aller au-delà de la thérapie vers d’autres domaines. Dans le début des années 80, les gens ont commencé à utiliser la PNL dans l’éducation, les entreprises, le management, la vente, et aussi la santé. Le champ de la PNL s’est élargi pour intégrer de nouveaux niveaux de processus : les croyances, les valeurs et ce qu’on appelle aujourd’hui les méta programmes, qui concernent plutôt la personnalité des gens.
Je me souviens des difficultés rencontrées avec certaines personnes lors de l’utilisation des outils PNL de 1ère génération. J’ai travaillé la stratégie d’orthographe avec quelqu’un qui avait la quarantaine et pour qui l’orthographe de certains mots posait systématiquement un problème. J’ai utilisé la technique appropriée avec lui, ce qui lui a permis de réussir à écrire un mot qu’il n’avait jamais pu écrire auparavant. Je pensais qu’il allait être content de faire quelque chose qu’il ne pouvait faire auparavant. Mais cela ne l’intéressait pas plus que cela. Je lui ai demandé si cela avait été difficile à faire ? Il m’a répondu que non. Je lui ai dit que c’était quelque chose qu’il ne pouvait pas faire avant et qu’il pouvait faire maintenant ! Et il m’a dit « je ne pense pas que je vais beaucoup m’en servir ». J’ai demandé pourquoi pas ? Il m’a répondu « je préfère éviter de devenir quelqu’un de rigide et insensible ». Et qu’est ce que cela a à voir avec l’orthographe ? J’ai découvert qu’il avait associé une croyance à son problème d’orthographe. Dans son enfance il avait eu un maître d’école qui était très sévère et rigide avec ceux qui faisaient des fautes d’orthographe. L’homme s’était construit la croyance qu’il faut être sévère et rigide pour pouvoir épeler les mots correctement. Un Président américain qui s’appelait Andrew Jackson disait : « je ne peux pas faire confiance à quelqu’un qui n’a qu’une seule orthographe pour les mots ». La question n’était pas la stratégie mais la croyance à propos de la stratégie.
Avec la PNL de 2ème génération, on a commencé à s’apercevoir de l’importance d’un autre niveau, en rapport avec les valeurs et les croyances. De nouveaux outils sont également apparus : la ligne du temps, le travail plus profond sur les sous modalités, les positions perceptuelles. Et la PNL a commencé à connaître une plus grande popularité, au-delà de la psychothérapie. Ce qui a donc permis à la PNL d’évoluer, de s’étendre et de toucher un public plus vaste, au delà du public initial, et de proposer de nouvelles façon d’aider les individus. Mais cela nous a amené aussi à un nouveau seuil, à une nouvelle frontière et à de nouvelles questions : qu’est-ce qu’on arrive pas à toucher ? Ou n’arrive t-on pas à aller ?
A suivre……
Robert Dilts : Enseignant, consultant et chercheur, il fait partie du petit groupe de personnes à l’origine des outils utilisés dans la PNL. Il est depuis les années 75 un des principaux développeur de la PNL et de ses applications aux domaines de la santé, de l’éducation et des affaires. Il a appliqué les principes et les techniques de modélisation pour créer de nombreux processus, comme la réempreinte, l’intégration des croyances en conflit et le cycle de changement de croyances. Il est l’auteur de nombreux ouvrages de référence sur la PNL Passionné par l’étude de la théorie et de la pensée systémique depuis sa rencontre avec Gregory Bateson, Robert Dilts a donné à la PNL la dimension systémique qui lui faisait défaut. Ses derniers travaux sur la PNL de troisième génération concernent la communication, l’apprentissage et le changement aux niveaux de l’identité et de la vision. Les applications en sont génératives et systémiques et s’adressent autant à la croissance des individus que des organisations.
Transcription réalisée par Jean Luc Monsempès
La suite de l’article : La PNL de 3ème génération (2/2) par Robert Dilts
Les formations du parcours PNL : du technicien PNL au maître praticien PNL